Des montagnes, des enfants qui rient et des Maoistes un peu penibles

Ce pays et ses habitants sont decidemment bien attachants, meme si la situation politique est un peu...instable. Nous ne resistons pas a l?appel des montagnes et partons pour quelques jours de trek, qui ont bien failli se prolonger plus que prevu.

Namaste (petit mot qui signifie tout simplement ?je te respecte, que dieu benisse et protege toutes tes qualites?, et patati et patata, voir dans le routard),
Apres avoir retrouve avec bonheur quelques delices de la civilisation a Pokhara : douche chaude (meme pas en baquet), steak avec de la vraie viande qui fond sous la dent et caniveau dans les rues (on ne se rend plus compte de l?importance de ce petit detail, mais pour l?hygiene d?une ville, c?est vital) ; nous nous replongeons dans les ?campagnes? nepalaises direction Katmandou.
De bivouacs au bord de paisibles rivieres de montagne, en parties de foot endiablees avec de jeunes nepalais, nous apprenons a decouvrir ce pays magnifique et ses habitants tres attachants. Ces enfants sont d?une vitalite et d?un courage impressionnant. La ou 9 petits francais sur 10 fondraient en larme, eux vous regardent, interloques, comprenant qu?ils viennent de se manger un enorme ballon en cuir en pleine tete, et repartent en rigolant du haut de leur 80 cm, pieds nus, sur la caillasse de notre stade improvise.
Nous commencons a decouvrir les effets des actions menees par les rebelles Maoistes. Durant toute une journee, nous n?avons pas croise un seul bus ou camion, etrange sur une route aussi importante que celle qui relie entre elles les 2 plus grandes villes du Nepal. Le lendemain, nous croisons les carcasses carbonisees de 2 vehicules : des camionneurs imprudents qui n?ont pas respectes l?ordre de greve impose par les Maoistes... Heureusement ils font descendre les passagers avant de bruler les camions. Et ne s?attaquent pas aux touristes, conscients qu?ils representent l?une des principales sources de revenus du pays.
Nous arrivons a Katmandou, ville tres sympathique, parmi mes preferees avec Benares depuis le debut de notre periple. La vieille ville est un meli-melo de petite rues (pavees pour la plupart) ou se cachent de jolis palais, veritable bijoux d?architecture. Les echoppes sont multiples et animees, mais l?atmosphere est beaucoup moins oppressante que dans les grandes villes indiennes. Nous logeons a Freak Street, ancienne rue des nombreux ?Hippies?, qui s?exilaient a Katmandou dans les annees 70. Et on en trouve encore quelques specimens...interessants.
Cette capitale est le paradis de la contrefacon. Les logos sont quasi identiques et seuls quelques petits details peuvent vous mettre sur la voie. Vous pourrez ainsi jouer a la ?Poly Station?, vous autorisant quelques poses ?Kit-Kit? pour compter vos points avec votre calculatrice ?Casic? qui fonctionne avec des piles ?Durabatt?.
Mais le Nepal c?est aussi l?Himalaya. Et passer si pres de ces montagnes envoutantes sans y faire un petit tour serait un sacrilege. Nous troquons donc velos et sacoches contre sacs a dos et chaussures, et c?est parti pour un trek de 5 jours (dont 2 de trajet en bus), court mais intense.
9 heures de transport chaotique seront necessaires pour atteindre Dunche (1950 m), point de depart de notre marche. La nuit suivante nous dormirons a Laurebina, perche a 3900 m quand meme. On a donc pris en une petite journee 2000 m d?altitude. Et pour le mal des montagnes, il y a mieux. Heureusement la beaute du site, et le coucher de soleil au dessus des nuages compensent les violents maux de tete et la fatigue de cette grosse journee.
Le lendemain, direction les lacs de Gosaikund a 4380 m. Une petite crete enneigee et nous debouchons dans ce cirque de hautes montagnes qui bordent les lacs geles. A cette altitude les gestes sont plus lents et plus durs, mais tout le monde tient le coup et petit a petit on grimpe. L?ascencion est physique mais le spectacle feerique nous recompense de nos efforts. Pendant que mes compagnons recuperent autour d?une soupe a l?ail (excellent pour encaisser les variations d?altitude d?apres notre guide), je pousse jusqu?a un petit sommet a 4680m. La vue est epoustouflante, on surplombe toutes les vallees avoisinantes.
Nous regagnons Laurebina pour y passer la nuit. Nous y rencontrons un couple de touristes francais qui savent jouer a la coinche ! Quel bonheur de taper le carton (meme si on se prend une raclee avec Chacha). Puis nous descendons d?une traite jusqu?a Dunche. A Singh Gumpa (3400 m), pour l?aperitif, Chacha et moi craquerons quand meme pour une petite biere, accompagnee d?un fromage de Yack bien goutu (tres proche de l?abondance).
De retour a Dunche, nos amis les etudiants Maoistes nous ont reserve une petite surprise dont on se serait bien passee. Ordre de greve pour les 5 prochains jours, nous sommes bloques...
Un groupe d?ingenieurs chinois venu etudier les 22 km de routes manquantes pour rejoindre le Tibet, reside dans le meme hotel que nous. On sympathise avec eux, esperant pouvoir beneficier de leur protection diplomatique, de leurs gros 4*4, et de l?escorte militaire qui va avec. Pas de bol, ils partiront finallement en helicoptere. Et ca, c?est au-dessus de nos moyens.
La mort dans l?ame on est oblige d?attendre, impossible de rejoindre Katmandou. On ne perd pas completement la journee. Un heureux possesseur d?une tele 45 cm equipee d?un lecteur VCD (succedane de DVD) habite le village. Et c?est parti pour une s?ance de cine au fond d?une cave qui sent l?etable. Notre guide est mort de rire devant le bon gros film americain qu?on a trouve.
Le lendemain, un conducteur plus courageux decide de tenter le coup. Rapide negociation, nous serons de la partie. C?est l?occasion pour nous d?experimenter cet interessant concept nepalais de la jeep-bus : un 4*4 sommaire concu pour 9, dans lequel vous entassez 15 personnes avec leurs bagages. C?est aussi inconfortable qu?efficace. 7 H plus tard nous sommes a Katmandou, plus fourbus qu?apres une journee de trek a 4000 m !
Ca fait 10 jours que nous avons quitte nos velos, et l?appel de la route se fait sentir. Nous repartons des que possible direction Darjeeling, dans les montagnes indiennes (plein est depuis Katmandou). Puis plein sud vers Calcutta, ou notre avion pour Bangkok nous attend le 16 mars, ca va etre court.
Le temps, notre eternel ennemi, commence a manquer !!

Fred pour les 3 velos.