L'Amerique du Sud c'est la fete... et le desert


Bolivie - La Paz - 15/07/2004

Notre arrivee en Amerique du sud debute par une semaine d'ambiance d'etudiants expatries, accompagne de Chris, un autre tour du mondiste. Et se poursuit par une traversee du desert andin "l'Altiplano". Puis Potosi, La Paz, et une suite sur ce continent qui risque d'etre un peu decousue...

Et les 3 velos devinrent 4?

Le 11 juin, tres tot le matin (beaucoup trop tot), nous quittons Sydney pour Santiago du Chili. Une escale a Auckland, une journee sans fin que nous vivons 2 fois (traversee de la ligne de date oblige), et nous foulons enfin le sol sud-americain. Nous nous depechons de recuperer les velos, une petite crainte comme toujours de les retrouver en pieces. Mais non, cette fois encore ils sont entiers, et ils sont meme 4 !? Un ? Rando-Cycle ? bleu ciel s?est joint au notre. Pas le temps de se poser de questions, un petit bonhomme barbu jusqu?au nombril nous accoste :
? Salut c?est Chris ?
? Chris ?...ahh, de bonheur au bout du guidon !? ?
Le monde est petit et celui des tours du mondiste encore plus. Nous nous connaissons deja grace a nos sites internets respectifs (cf. rubrique Liens). Nous sommes des apprentis compares a lui, il est parti depuis pres de 2 ans?
Bien evidemment il n?a pas la moindre idee de l?endroit ou il dormira ce soir. Nous avons un plan du feu de dieu (on ne le sait pas encore?). Alors solidarite oblige, on essaye de l?incruster avec nous. Et nous debarquons donc a 4 chez nos charmantes hotesses, pour 2 ou 3 jours qui se transformerons en une bonne semaine de squat.


Les 4 velos en echange Erasmus

Emilie et Julie sont expatriees pour un an d?etude a Santiago. Et elles ont pris le risque de nous accueillir. Encore une fois merci les filles. Elles ont un grand salon, c?est parfait pour loger les 4 lascards que nous sommes. Comme a notre habitude ils ne nous faudra que quelques heures pour nous sentir comme chez nous. Les quelques jours que nous y passons fleurent bon la vie etudiante. Nous restons a l?heure de Sydney et enchainons fetes sur fetes, sur soirees DVD, sur parties de cartes enflammees, entrecoupees de ? killer ? et ? d?assassin ? (jeux debiles mais bien marrants). Nous assistons meme a un match de foot France-Angleterre qui nous rappelle que la coupe d?Europe a debute. Et nous terminons en beautee par une soiree chez ? Monsieur l?Ambassadeur de France au Chili ?, a laquelle nous nous incrustons sans vergogne. Nous le remercions officiellement pour la qualite de ses petits fours et le standing de ses salons.
En quelques sorte on se repose l?esprit et on se detent un peu avant d?attaquer notre traversee de la Cordillere des Andes, que tout le monde nous a promise difficile mais grandiose.


Calama-San Pedro-Bolivie : la montee interminable

Apres avoir decale et redecale notre depart nous trouvons enfin le courage de nous mettre en route. Au revoir mesdemoiselles, salut Chris, on espere que nos routes se recroiserons, qui sait a Dakar? 20 heures de bus de grand standing nous emmenent a Calama, aux pieds de la Cordillere. A partir de la, c?est le desert. 3 jours dans ses contreforts pour atteindre San Pedro avec un passage aux alentours de 3500m, l?entrainement en quelque sorte.
Ce sont nos premiers vrais tours de roue sur ce nouveau continent. Les gens sont toujours aussi sympathiques. Une voiture s?arrete pour nous offrir des chocolats, c?est un bon debut ! La nuit, ca caille et le jour ca chauffe. San Pedro, petite bourgade tres touristique, est notre dernier point de chute avant la grande traversee. On y prend un dernier vrai bon repas, un dernier coktail. Pour la suite l?alcool est a proscrire, ne prenons pas de risque avec le mal d?altitude. On refait un gros ravitaillement. Les cartons (annexes de nos sacoches pleines a craquer) se remplissent et c?est parti. De San Pedro, 2250m d?altitude, nous devons nous elever a 4700m pour atteindre la frontiere bolivienne.
Nous n?avons jamais ete si lourds : 45 kilos d?eau, 3 de coca et une vingtaine de nourriture completent notre chargement habituel, autonomie oblige. De toute la vitesse de nos petits plateaux-grands pignons nous nous lancons a l?assaut de la montee la plus longue de notre tour du monde : 6km/h? Bien, armons-nous de patience, respirons tranquillement (a 4000m on a facilement le souffle court) et savourons l?effort dans ce decor grandiose. Nous croisons des lamas, des petits canyons, c?est superbe.
Apres 2 jours de montee soutenue, reguliere et sans aucun repit, nous quittons la route et traversons la frontiere bolivienne.


Du desert de caillasses au desert de sel

Nous penetrons dans une zone hautement inhospitaliere. Nous evoluons entre 4200 et 4600 metres sur des pistes de sable et de pierres dans lesquelles les velos trop charges s?enfoncent comme dans du beurre. Alors souvent on pousse. Heureusement depuis le Laos on sait faire?
Sable, caillasse, sable, caillasse, une jolie lagune, un passage a gue delicat (pas tomber, l?eau est quasi gelee), sable, caillasse, nuit sous la tente. Ca veut dire chercher un endroit un tant soit peu abrite du vent, manger des nouilles-purees degueu (3/4h pour cuire a cause de l?altitude, de quoi deprimer les amateurs de pates al dente que nous sommes), dans les duvets avant 17H30 (quand la temperature descend en dessous de -8) et on n'en ressort pas avant 8H30 (quand la temperature commence a remonter au dessus de -8). Interieur de la tente pleine de givre, toutes les reserves d?eau gelees (et qui ne degelent pas trop dans la journee), rechaud a la lutte et c?est reparti : sable, caillasse, sable?
Heureusement on est tres bien equipe, et on est monte progressivement. Donc on ne souffre pas trop du froid ni de l?altitude.
Dans cette partie du monde il n?y a rien : pas de vegetation, pas d?animaux, pas d?humain. Les premiers jours sont assez marrants, on s?adapte aux conditions extremes, on decouvre les paysages desertiques de l?altiplano. Mais rapidement, ca devient monotone. Alors on saute dans un 4*4 qui passait par la et qui nous permet de gagner 160km, de toute facon difficilement franchissable a velo. Il n?existe aucun point d?eau ni de nourriture. Et vu notre moyenne d?escargot (25km/jour), cela signifie 7 jours (environ 100 litres d?eau sans compter la nourriture) d?autonomie.
Encore quelques jours de velos, quelques chutes de neige et nous sommes en vue de notre objectif : le salar d?Uyuni. Apres le sable, la caillasse et la neige, voici le sel! Et ca roule diablement bien. Ce desert de sel est la plus grande etendue plane du monde, 10 000km carre a 3700 m d?alttitude. C?est blanc, c?est etrange. Il y a quelques iles qui nous servent de point de repere pour nous y guider. Dont ? Belle-Ile en Uyuni ? (nouvellement baptisee par nos soins) qui nous abrita le temps d?une soiree bien agreable, chauffes par un gigantesque feu de cactus.
Nous le traversons du sud au nord, constituant une nouvelle attraction pour les touristes qui s?y aventurent en 4*4. Il est toujours etrange de voir un de ces vehicules s?approcher de nous, un type qui sort la tete par la fenetre, qui nous prend en photo, et le 4*4 de continuer sa route?
Nous terminons cette traversee de l?Altiplano par une arrivee de nuit, sous la neige, dans un petit village a pas loin de 4000m d?altitude. C?est feerique?
On fete l?anniversaire de Chou par un succulent ? petit-dejeuner d?anniversaire ?. C?est son repas prefere, et en plus on lui avait trouve du gateau marbre et des jogourts, alors?
Puis c?est l?heure de nous separer. Chou part pour La Paz rejoindre sa famille, puis ce sera au tour de Cha, puis au mien. On ne se retrouvera tous les trois que debut septembre a Sao Paulo, apres des dizaines d?heures de bus au travers de ce continent, pour aller passer quelques jours avec nos proches.
Mais pour l?heure Cha et moi reprenons la route, direction Potosi : ville d?importance la plus haute du monde (dixit le Routard).


Une jolie petite route de montagne

Le temps est superbe, ca nous change des pluies ou neiges de l'Altiplano. Le bitume est excellent, la route superbe et quasi-deserte, c?est du velo-plaisir. Elle serpente de crete en crete, oscillant entre 4000 et 4500 metres d?altitude, nous transportant dans des paysages grandioses.
Des descentes vertigineuses nous recompensent de nos efforts des nombreuses montees. Nous pulverisons nos records de vitesse. Je fais une pointe au dela de 100 km/h. Pas de beaucoup : 100,6 km/h tres exactement. Mais quand meme...
Apres 3 jours de velo et plus de 210 km de montagne, nous atteignons Potosi, au pied de la montagne d?argent. Je m?apercoit alors qu?on est en Bolivie depuis plus de 3 semaines et que j?ai l?impression de ne rien en conna?tre !! Normal c?etait que du desert...
On va enfin pouvoir se frotter a la vie du pays. Deambuler dans des rues noires de monde et retrouver une animation, un grouillement humain qui m?a sacrement manque.


Potosi : ville d?argent, ville tragique

Premiere etape, la meme a chaque arrivee en ville, satisfaire nos estomacs qui grognent de mecontentement apres un regime ? route ? un peu long. Je salive deja a l?idee du petit resto sympa qui va avoir la chance d?accueillir les bons gros raloufs que nous sommes.
Et c?est la grosse deception !! On echoue dans un troquet meme pas bon, 3 fois plus cher que sur la route (15 boli = 2 USD contre seulement 5) et c?est vraiment la loose. Demain on fera mieux pour le petit dej...
Heureusement l?interet touristique de Potosi ne reside pas dans ses ressources gastronomiques mais dans la visite de ses mines : c?est Germinal au 21e siecle. Exploite pendant 3 siecles, le "Cerro Rico" aurait produit suffisamment d'argent pour paver une route aerienne a 2 voies jusqu'? Madrid... et suffisamment d?os pour en construire la charpente : 30 000 tonnes d?argent et 6 millions d?esclaves Indiens et Africains. Le tribut fut lourd a payer pour alimenter l'essor du capitalisme europeen !!
Avec 160 000 habitants a la fin du 16e siecle, Potosi etait plus importante que Paris ou Londres. Aujourd?hui la mine s?est appauvrie, l?argent extrait n?a plus la puretee d?autrefois, et l?exploitation des gisements est de moins en moins rentable.
La descente dans ces galeries a l?air vicie est une experience unique? et revoltante !! On ne fait que marcher quelques heures et deja on suffoque, on tousse. Courbe en 2 dans les galeries d?un metre de haut, on patauge dans la boue, on etouffe dans la poussiere et la chaleur moite qui regne dans ces entrailles de la terre. Et la on croise des mineurs, des enfants, qui poussent en courant a longueur de journee des chariots d?une tonne (a 3) pour remonter le precieux minerai a la surface. Ils sont payes au poid. Notre guide avait travaille 5 ans dans cet enfer, il avait commence a 13 ans? L?esperance de vie des mineurs ne depasse pas 45 ans. Ils machent des feuilles de coca pour resister a ces conditions de travail inimaginables, 10 heures par jour. Et nous, courbes en 2 dans ces minuscules boyaux, nous plaquant contre le mur pour eviter les lourds chariots lances a grande vitesse sur ces rails incertains, on ne peut que leur offrir du coca ou de l?alcool a 96 degres, leur boisson habituelle.
Lorsque j?ai retrouve le soleil, j?avais envie de vomir, de degout.


Direction La Paz

Apres ce cours passage a Potosi, nous partons a notre tour pour La Paz. Nous sommes le 13 au soir et on se rejouit d'avoir trouver un bus de nuit, confortable. 20h a la gare de bus, notre "Cama" ne part pas, ah bon... On nous a prevenu que la Bolivie risque d'etre "un peu agitee" apres le 18 juillet, date du referendum sur l'exploitation du gaz naturel. Mais ils commencent deja a dresser des barrages !! La route de La Paz est bloquee, c'est pas bon bon. Il faut qu'on parte, et vite si on veut reussir a rejoindre La Paz. Comme d'habitude dans ces cas la il va falloir se debrouiller autrement, s'armer de patience et reagir vite le moment venu. On glane quelques infos en attendant que la situation se decante : "revenez demain, le barrage sera peut etre leve". Jusqu'a qu'on comprenne qu'un bus d'une autre compagnie decide de tenter le coup, le moteur tourne deja. C'est le rush. En 4 minutes chrono, on change les billets, on charge velos et sacoches et c'est parti. 3 heures plus tard on est au barrage.
On passe la nuit bloque dans la file de camions. Les Boliviens font flambes les arbustes qui bordent la route pour se rechauffer. Et le lendemain matin, ils nous laissent passer. Nous aurons a peine une dizaine d'heures de retard.
D'ici quelques jours nous tenterons si le temps et les conditions le permettent, l'ascencion du Huayna Potosi (6088m) dans les environs de La Paz. Puis je dirais "au reuvoir" a mon Chacha, et retrouverai mon Chouchou avec qui nous prendrons la route de Salta, en Argentine. On y trouve les meilleurs steaks du monde...


Fred pour les 3 Velos



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