Le bonheur au Bresil, ou la joie de la 11e langue de ce voyage !


Br?sil - Rio de Janeiro - 20/09/2004

Apres avoir passe deux mois et demi a perfectionner notre espagnol "d'auto-didacte debutant qui veut parler avec les indigenes grace a son mini-dico", nous voila repartis dans le rythme d'une langue par pays et forcement les progres sont moins rapides. Mais nous etions heureux de nous retrouver tous les trois apres un ete en ordre disperse, d'accueillir une amie de lycee, Eleonore, qui avait cru que ces 15 jours de velo allaient etre de tout repos, et de partir pedaler de Sao Paulo a Rio de Janeiro, le long d'une cote qui est parait-il superbe !

Le 4 septembre de bonne heure - vers 15h30 quoi - les 4 Velos se sont donc mis en route. Notre invitee disposait depuis le matin du velo 1er prix bresilien qui n'allait pas manquer d'etre la source de reflexions techniques ou sportives toujours tres amicales tout au long des 600 kms qui nous ont menes a Rio : "Ah mais il est vraiment pourri ce velo dis donc !", "il est stupide ce velo, il ne freine pas", "j'en ai marre de ce velo de m..." !! Nous avons meme du "l'upgrader" en changeant le moyeu de la roue arriere qui avait rendu l'ame au bout de 200 kms ! Mais pour 50 euros on ne pouvait pas s'attendre a des merveilles et au final ce petit velo rose fluo a rempli sa tache a peu pres convenablement... Il a meme fait le bonheur du receptionniste de notre hotel a Rio qui l'a rachete a un prix defiant toute concurrence.
Les premiers tours de roue n'ont finalement pas ete aussi durs que nous aurions pu le croire. Bien qu'ils aient eu quelques semaines de repos, des bonnes bouffes et un rythme de vie fort peu sportif, Fred et Chou sont remontes sur leur selle avec seulement quelques craquements et couinements. Mais apres quelques petites cotes sympathiques, tous les muscles se sont remis rapidement en place. Eleonore a decouvert la joie de passer trois heures par jour sur une selle mais la sienne n'etant pas aussi confortable que les notres, les petites douleurs de dos se sont poursuivies plus longtemps. Pour ma part, le "derouillage" en Uruguay avait ete bien utile et hormis un pneu qui s'est perce en 10 jours suite a une deformation je n'ai eu aucun souci.
Nous traversons donc l'interminable banlieue de Sao Paulo en ce samedi apres-midi, direction la ville des plages et du Pain de Sucre, la rieuse Rio qui danse au bord de la mer sur des rythmes endiables. Et ce sont 12 jours bien agreables qui nous attendent a travers ce tout petit bout d'un pays pourtant grand comme 17 fois la France.


Des paysages de carte postale

Nous avons d'abord roule pendant trois jours a travers la campagne montagneuse du sud-est de Sao Paulo, sur une petite route bien tranquille qui nous a pourtant bien fait sue dans certaines cotes. Peu de voitures empruntent cet itineraire et nous avons donc pu a loisir observer l'alternance des forets assez denses et des champs de vaches qui nous faisaient presque penser a nos alpages. Les premieres sont couverts d'arbres tropicaux (c'est-a-dire ceux dont nous ne connaissons pas le nom) immenses, de palmiers, de mimosas, de fleurs multicolores et dans lesquelles nous avons rencontre quelques insectes locaux : une cuilleree de grosses fourmis un peu trop rouges, une pincee de moustiques pas trop agressifs et un zeste d'insectes volants non-identifies. Les paturages vallonnes sont parcourus par des vaches tres classiques qui se reposent parfois a l'ombre des palmiers qui parsement leur champ et qui nous regardent toujours passer d'un air interrogateur.
Mais le clou du spectacle est constitue de cette route cotiere superbe qui nous a emmene de Caragatatuba a Rio. Ici la montagne inexploree et couverte de forets se jette dans les eaux bleues-vertes de l'Atlantique en se tortillant et en creant une succession de petites baies bordees par des plages de sable fin et blanc... sur lesquelles nous nous sommes pas mal prelasses, il faut bien le dire !! Nous sommes encore en hiver mais l'eau est a 20 degres et l'air a 25. C'est parfait pour les Parisiens que nous sommes mais trop froid pour les Bresiliens qui preferent les 40 degres de l'ete. Et comme nous apercevrons a peine les bras blancs de trois touristes en deux semaines, nous n'avions vraiment pas besoin de chercher un carre pour etendre notre serviette. Ces plages etaient d'ailleurs notre principal "obstacle" sur notre route puisque nous devions quotidiennement resoudre un dilemme terrible : faire la sieste sur la plage, sachant qu'il etait peu probable que nous nous remettions en route avant la nuit, ou bien quitter ces petits paradis pour parcourir 20 ou 30 bornes de plus ! Cruelle est la vie du nomade sous les Tropiques...


Des hebergements plus inhabituels et varies qu'a l'accoutumee

Pour reussir a combiner la plage et le voyage, le plus simple fut tout simplement d'y dormir. Sans doute parce que nous etions en basse saison et dans des villages tranquilles, personne ne nous a jamais deconseille de le faire. Il nous fallait parfois demander l'autorisation au gardien car de nombreuses plages sont privees mais nous ne pouvions pas nous passer de ces nuits a la belle etoile avec le leger roulis des vagues pour nous bercer. Et le petit plongeon du matin pour se mettre en appetit avant le petit-dejeuner au Cafe des Pecheurs est bien sur excellent ! Mais il nous est aussi arrive de dormir dans les terres.
La premiere nuit au depart de Sao Paulo fut une decouverte locale assez originale : le motel. Pour en comprendre le concept, il faut s'imaginer que les Bresiliens n'ont pas une conception de la sexualite aussi "rigoureuse" qu'en Europe. Et comme ils vivent souvent dans des maisons dans lesquelles chaque couple (parents, "vieux" enfants vivant encore sous le meme toit, oncle et tante...) ne dispose pas forcement d'une chambre, ils vont au motel. Entree "anonyme" directement en voiture, lits ronds, ambiance tamisee, salle de bain sans porte, service de chambre a travers un passe-plat pour ne pas avoir a ouvrir la porte... Tout est imagine pour que les couples disposent d'une intimite totale. C'est assez surprenant et amusant et nous n'avions pas trouve d'autre hotel ce soir-la, apres avoir deja parcouru 20 kms dans la banlieue de Sao Paulo.
Quelques jours plus tard nous avons decouvert grace au hasard une autre possibilite pour la nuit, gratuite celle-la parce que le motel n'est pas donne. Nous avons demande notre chemin a une voiture de pompiers qui passait par-la. Comme ils ne connaissaient pas l'endroit ou nous voulions aller dormir, nous leur avons demande si dans leur caserne c'etait possible... Petit coup de fil au Chef, qui est affirmatif et nous arrivons donc devant le repere des "lifeguards" d'Ubatuba. Accueil super sympa, ils nous montrent notre chambre, la salle de bain avec eau chaude, la cuisine que nous pouvons bien sur utiliser... Bref nous sommes a la maison et ils nous demandent juste un passeport pour le registre. Et comme le dimanche suivant il bruinait et que nous avions oublie de faire les courses du diner (chose assez incroyable qui nous epate toujours !) nous avons remis ca. On aurait presque dit qu'ils nous attendaient : "entrez par la... vous pouvez laisser vos velos dans le gymnase... la chambre est ici mais je suis desole il n'y a que deux lits... est-ce que je rajoute 4 couverts pour le diner ?... il y a une douche chaude dans l'autre batiment...pouvez-vous me montrer vos passeports ?..." Nous en etions presque genes mais eux avaient plutot l'air amuses et epates par notre voyage.
Nous avons enfin bien sur dormi chez l'habitants et dans des ecoles, nos "bases" habituelles et regulieres depuis 8 mois et leur hospitalite a ete parfaite comme vous allez pouvoir le constater.


Des Bresiliens accueillants, riches ou pauvres...

Pour pouvoir avoir des contacts un peu plus approfondis avec les Bresiliens nous avons bien sur ete genes par la langue et ce ne fut donc ni la meme facilite ni le meme plaisir qu'en Bolivie ou en Argentine. Malgre tout il existe des ressemblances entre le portugais et l'espagnol qui nous ont aides et nous avons aussi rencontres des Bresiliens parlant tres bien anglais.
La derniere nuit avant Rio en est surement le meilleur exemple. Cette apres-midi nous debouchons sur les premieres plaines de la banlieue de Rio et nous sommes conscients que nous devons trouver rapidement un toit pour ne pas terminer a l'hotel. En ville il est en effet quasiment impossible de dormir chez l'habitant. Dans un hameau nous reperons donc un supermarche equipe d'un premier etage inhabite qui nous conviendrait parfaitement... mais le responsable n'a pas l'air enthousiaste et nous explique que 4 chiens dorment la-haut. Heureusement sa "collegue" appelle son fils qui parle anglais et celui-ci debarque 2 minutes plus tard. En 30 secondes tout s'eclaire et nous avons trouve un toit : ils font tous partie de la famille proprietaire du magasin et de l'immense maison qui s'etend derriere. Ils nous proposent de nous laisser dormir sur leur terrasse de toit, nous offrent une douche et nous acceptons de leur cuisiner un bon diner francais en echange de leur hospitalite. Les matieres premieres ne sont pas loin et le talent des 3 cuistots du soir prend forme pendant que je m'abstiens. Ca vaut mieux pour nos palais... La ratatouille, le poulet en sauce et les patates sautees nous regalent tous, mais les crepes a la farine de manioc sont un desastre, heureusement vite oublie apres le festin de la soiree !
La soiree dans une ecole publique (nous avons dormi dans l'infirmerie) avec une prof d'anglais fan de moto et adepte du Kardecisme (sorte de religion qui croit beaucoup au spiritisme) et la nuit passee sous la cahute qui fait office de buvette pendant l'ete devant la maison d'un cinquantenaire evangeliste adorable sont egalement des souvenirs joyeux qui nous ont prouve que la joie de vivre et l'accueil des Bresiliens n'etaient pas lies a leur richesse, couleur de peau ou religion. Cette societe est en effet reellement multiple dans tous les sens du terme : les catholiques cotoient les evangelistes, les kardecistes et les croyances issues d'Afrique ; les Noirs, les Indiens, les Blancs et les Metis vivent cote-a-cote (pas toujours sans heurts il est vrai) et les tres riches cotoient les tres pauvres dans un tableau qui peut apparaitre choquant. Mais les melanges culturels ou musicaux qui en decoulent sont certainement a l'origine de l'originalite du Bresil et de son attrait pour les nombreux touristes.


Des villes tentaculaires et intriguantes

La principale "attraction" touristique du Bresil est d'ailleurs certainement Rio de Janeiro, cette ville de plages, de soleil et de musiques ou chacun cultive son corps avec une attention bien particuliere. Meme si en cette saison froide, nous n'avons rien observe de comparable aux cartes postales en vente dans les kiosques... Desole donc mais les photos de maillots de bain sexys (hommes ou femmes, ici tout le monde s'etale sur la plage) ce sera pour une autre fois ! Et comme a l'heure ou je tape ces lignes il fait tres nuageux sur la ville, nous ne l'avons pas encore visitee. Nos deux seules impressions sont pour l'instant les suivantes : la ville s'etend sur des dizaines de kilometres et son anarchie geographique en fait un petit calvaire pour parvenir jusqu'au Centro a velo. Les tunnels et autoroutes etant impraticables a velo, il nous a fallu faire quelques beaux detours et grimper encore quelques deniveles avant de pouvoir rouler d'un air tranquille le long des plages sous les regards de la fille d'Ipanema et des touristes de Copacabana. Le deuxieme constat est celui de la juxtaposition brutale des palaces et des immeubles cossus le long des plages avec des SDF et des vendeurs des rues qui se contentent de quelques reals (la monnaie nationale) par jour. Nous n'avons pas pu nous rendre dans une favella, bien que certaines agences proposent un "circuit" (mais je trouve que cela vire au voyeurisme) et il est certain que dans ces bidonvilles accroches aux collines le choc doit etre encore plus fort.
Sao Paulo est encore plus etendue que Rio, ce qui explique qu'il nous ait fallu 1 journee 1/2 pour enfin apercevoir un champ et la possibilite de rouler au calme. Son centre pieton et animee est tres agreable, son quartier nippon-coreen est tres tranquille, l'avenue Paulista est tres chic mais partout les gens ont le sourire, vivent en tongues et en short et hormis les chauffeurs de bus et de taxis qui ne ralentissent jamais, personne n'a l'air stresse dans cette ville. Ici pourtant vivent 17 millions de peronnes et la ville est le coeur economique du pays. Mais ce qui compte finalement c'est de pouvoir boire son cafe a toute heure, de manger un bon "bauru" (sandwich local au pain francais) et de terminer toute conversation par un "on s'appelle" meme si vous ne connaissez la personne que depuis 5 minutes !


Le Bresil nous laisse donc de tres bons souvenirs et nous avons decouvert un pays qui possede une culture et une originalite tres forte et dont tous ses habitants sont fiers. Le trajet en velo a ete des plus agreables, mise a part la panne irreparable pour l'instant de notre rechaud Primus a essence. C'est avec un petit regret que nous revenons dans l'hemisphere nord ou l'hiver approche, meme si la chaleur humaine et solaire de l'Afrique nous promet encore de bons moments. Arrivee a Dakar le 24 septembre avec une surprise dont nous vous reparlerons...

A bientot
CHACHA pour les 3 Velos




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