L'amour des dunes


Mauritanie - Nouadhibou - 31/10/2004

Byebye le S?n?gal, et bienvenue dans le plus grand d?sert du monde. Une route monotone, des nuits ?toil?es dans le sable, l'int?gration du "4?me v?lo", et une nuit poussi?reuse dans un train, voil? pour l'essentiel de notre p?riple mauritanien.

La Mauritanie, qu'est-ce que c'est ? Un pays pas tr?s connu, si ce n'est pour le fait que ?a n'est pas tr?s connu. D'abord quelques informations : la Mauritanie est une r?publique islamique, elle est tr?s faiblement peupl?e (3 millions d'habitants pour 1 million de km?), elle est ind?pendante de la France depuis 1960. G?ographiquement, elle est situ?e dans le Sahara, entre le Maghreb et l'Afrique Noire. La population est donc compos?e d'Arabes et de Noirs, mais de rares m?tis. Ajoutons enfin que les Mauritaniens ?taient des nomades jusqu'? r?cemment.

Rapidement, en entrant dans le pays, nous avons rencontr? nos ennemis : le vent, toujours de face, soulevant parfois du sable, et la chaleur (souvent 42?C ? l'ombre). De Rosso, premi?re ville apr?s la fronti?re s?n?galaise, nous avons ainsi atteint la capitale, Nouakchott. La blague, c'est quand on arrive ? l'auberge le midi et qu'on se dit "je prendrai une douche ce soir". Parce que l'eau est coup?e dans toute la ville pendant 48h, sans que ?a ne change grand chose d'ailleurs au rythme de vie de ses 800000 habitants. Chris, pote tourdumondiste que nous avions rencontr? ? Santiago nous a rejoint dans cette ville sans grand int?r?t. "Ils arriv?rent 3 et repartirent 4" avait pr?dit le P?re Fourras. Et bien une fois de plus, il ne s'est pas tromp?. Le petit nouveau a r?ussi pleinement son int?gration. Il est vrai que le fait de voter pour toute d?cision, m?me minime, a un c?t? "relou", surtout pour un solitaire, mais c'est toujours mieux que la dictature.

Nous voil? donc 4 cyclistes en direction d'Atar, 450 km au Nord-Est de Nouakchott. La route est bien goudronn?e, et comme avant il faudra faire face au vent et ? la temp?rature excessive. Sur la route, on ne trouvera qu'un village et une ville, autant dire qu'il fallait pr?voir large au niveau ravitaillement ! Nous avons ?t? ?tonn?s par les r?frig?rateurs fonctionnant avec une bouteille de gaz : pratique quand il n'y a pas d'?lectricit?. Les r?serves d'eau s'?puisant vite, nous les rechargions dans les puits des quelques personnes habitant pr?s de la route, ou en arr?tant des voitures quand c'?tait n?cessaire. Le paysage, du sable tout plat ? gauche, et du sable tout plat ? droite, ?tait franchement monotone, mais cela a ?t? ais?ment compens? par des nuits formidables dans les quelques dunes que nous avons d?gott?es. Imaginez : la sensation d'?tre seul au monde entre ces dunes de sable, regarder le soleil quitter l'horizon, marcher pieds nus sur le sable encore chaud, faire un feu de bois pour le th?, pr?parer le d?ner (riz, p?tes, riz, ou p?tes, selon notre envie) pendant que la lune et les ?toiles apparaissent, dormir profond?ment ? la belle ?toile, et sortir de son sommeil avec le soleil qui vient r?veiller la partie du monde qu'il ?claire. Ce fut notre petit bonheur lors de ce parcours dans le Sahara...

Apr?s Atar (une autre ville mauritanienne sans grand int?r?t), notre prochain objectif ?tait la ville du d?sert, Chinguetti, encore 80 km plus ? l'est. Nous avons demand? conseil au camping o? nous logions, pour savoir s'il valait mieux prendre l'ancienne piste, plus longue, moins entretenue mais plus jolie, ou bien la nouvelle. Cr?ant un d?saccord bord?lique entre nos conseillers, nous avons opt? pour la route la plus jolie et "on verra". Et on a bien fait. Certes, il a fallu pousser les v?los dans le sable et les cailloux, mais le paysage rocailleux de la montagne valait le coup.

Sur notre chemin ?tait situ? un village, perdu au milieu de rien. Nous y refaisons nos r?serves d'eau, tr?s bien. Le probl?me, c'est les enfants qui nous harc?lent de "donne-moi bic", "donne-moi cadeau", "donne-moi bonbon"... Au point de nous balancer un ou deux cailloux quand nous partons. La raison : probablement le fait que des touristes bien intention?s les aient habitu?s ? recevoir des "cadeaux", au point d'en arriver ? ce r?sultat d?plorable. La morale : ne donnons RIEN. Cela peut ?tre dur ? comprendre, quand on a les moyens d'aider quelqu'un qui en a besoin, mais donner est source de nouveaux probl?mes : id?e que le touriste DOIT donner, jalousie par rapport ? celui qui b?n?ficie du "cadeau". Sans compter que ?a ne r?sout aucun probl?me ? long terme ("Donne un poisson ? un homme, il mangera une fois. Apprends lui ? p?cher, il mangera toute sa vie.") Par contre, n'h?sitons pas ? donner ? des associations humanitaires (ou nous y engager), o? le don aura un impact beaucoup plus positif (en tout cas on esp?re).

Enfin, Chinguetti. Une petite ville qui a une grande histoire. On y trouve en effet de tr?s anciennes biblioth?ques, avec des livres vieux de plusieurs si?cles, ?crits ? la main, en arabe. C'est aussi la derni?re ville avant le grand vide saharien, et c'est donc le point de d?part de travers?es ? dos de dromadaire ? travers le d?sert. Nous y passerons une seule nuit, pour dire au revoir ? "nos" dunes. C'est ici que cessera notre progression ? v?lo en Mauritanie, la suite ? v?lo ?tant soit trop longue, soit inint?ressante, soit trop difficile, soit les trois ? la fois.

Deux trajets en 4x4 nous conduisent ? Choum, plus au Nord. L'objectif, c'est le train le plus long du monde, compos? de 2 km de wagons. Il va chercher du minerai de fer ? Zou?rate, pour le rapporter au port de Nouadhibou. Et justement, nous allons ? Nouadhibou. Sans rien demander ? personne (de toute fa?on il n'y a personne), nous grimpons dans un wagon plein de minerai, nous y d?posons nos affaires, et c'est parti pour une nuit dans le vent, le froid et la poussi?re qui envahit tout. Je vous passe les d?tails de "comment on fait quand on est malade dans ces conditions"... Nous organisons un relais, pour surveiller sacoches et v?los. Nous arrivons compl?tement noirs.

Un Marocain, que nous avons trouv? par un "contact", nous accueille ? Nouadhibou. Nous passerons pas mal de temps ? dormir pour r?cup?rer de la mauvaise nuit du train. La suite, c'est un trajet en voiture vers le Maroc, qui s'arr?te au quart du trajet, ? la fronti?re Mauritanie-Maroc, car le chauffeur n'a pas le droit de passer. La mauvaise nouvelle, c'est que nous avons d?j? pay? 30 euros chacun, car l'organisation nous obligeait ? payer au d?part. Le chauffeur n'a pu nous rembourser que 10 euros chacun, mais il a fallu insister lourdement (merci Fred et Chris pour vos ?nervements qui ont ?t? utiles). Une nuit au poste-fronti?re, et le lendemain nous trouvons une camionette pour rejoindre Dakhla, au Maroc. Un pare-brise ?clat?, un ensablement et 12h plus tard, nous avions parcouru les 300km. Merci au jeu de tarot qui nous aura occup? toute la journ?e.

La Mauritanie laisse l'image d'un pays beau ? certains endroits, et globalement vide. Peu d'habitants, peu de magasins, peu d'eau, peu d'arbres... Il n'y a qu'? faire un tour dans une petite ?picerie locale pour constater qu'il y a aussi peu d'industrie : le th? est chinois, l'ananas au sirop et le riz sont thailandais, les sardines sont marocaines, les cartouches de gaz sont fran?aises, les biscuits sont turcs, etc. Seuls les p?tes, l'huile et les biscuits tr?s secs (qu'on a surnomm?s "le ciment") viennent d'ici.

La fin approche, le Maroc est le dernier pays avant que nous ne rentrions ? la maison. Vite vite vite !

N'oubliez pas de faire un petit tour du c?t? de chez Chris.

CHOUCHOU pour les 3 V?los



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